Le 11 septembre 1914, dans la nuit, un fort coup de sonnette retentit et réveille toute la Maison-Mère. M le Maire tient en main une dépêche : cent vingt grands blessés, à destination de Broons, sont partis de Rennes
. À peine a-t-on le temps de réquisitionner des voitures sur Broons que les blessés sont à la gare, à trois kilomètres de l’hôpital (Maison-Mère). À deux heures du matin, ils traversent la ville au milieu d’une foule nombreuse qui les accompagne. Là, les cœurs et les bras s’ouvrent pour les recevoir, les transporter dans les salles ; les forces semblent se décupler devant ces hommes couverts de boue et de sang à qui le moindre mouvement arrache des cris, malgré les précautions des brancardiers improvisés… Tous ces blessés sont tombés aux environs d’Amiens…
L’hôpital compte cinq cents lits. Les sœurs infirmières sont trente-six. Mais bien d’autres religieuses s’occupent de tous les services annexes : lingerie, cuisine, buanderie… Elles assurent le secrétariat officiel de l’hôpital, déchargeant l’autorité militaire qui ne sait comment exprimer sa satisfaction. La Mère Supérieure n’accepte d’autre rétribution qu’une indemnité journalière de nourriture de deux francs, encore ajoute-t-elle, « si tous nos biens n’avaient été confisqués, je refuserais même ce léger dédommagement ».
Les arrivées de convois vont se succéder et se multiplier pendant toute la durée des hostilités.