100 ans d’histoire…

Lundi 22 juin 2020 — Dernier ajout mardi 23 juin 2020
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Contre vents et marées..

100 ans d’histoire dans la région.

J’ai le goût de vous raconter une belle histoire, une histoire vieille de 100 ans, qui trouve son origine en France, il y a près de 200 ans. C’est l’histoire des Filles de Sainte Marie de la Présentation.

Filles de Sainte Marie de la Présentation « Qui sont-elles ? », se demanderont plusieurs. La raison est simple : nous n’avons jamais été très nombreuses – une soixantaine tout au plus. Nous avons surtout œuvré dans quelques écoles du Saguenay et à l’hôpital de Métabetchouan.

En cette année jubilaire, nous avions prévu vous rencontrer dans quelques paroisses où nous avons travaillé, afin de vous saluer et de recréer des liens, à l’occasion d’une célébration suivie d’un vin d’honneur.

Mais voilà que le COVID-19 en a décidé autrement… Je vous propose donc un petit cours d’histoire ! Au lendemain de la Révolution française, les besoins étant immenses, ce fut alors l’éclosion d’un grand nombre de communautés religieuses en France, dont la nôtre. Les enfants n’étaient pas scolarisés ; les malades, les pauvres et les vieillards étaient délaissés ; la pratique religieuse était abandonnée.

Dans un petit village de Bretagne, à Broons, en 1828, des appels pressants montent au cœur du bon curé Joachim Fleury. Louise et Laurence Lemarchand, deux jeunes filles de bonne famille, paraissent toutes désignées pour réaliser son rêve  : ouvrir une école pour les petites filles et soulager pauvres et malades. Malgré leur extrême pauvreté, rapidement, d’autres jeunes filles se joignent à elles, donnant naissance à la communauté des Filles de Sainte Marie de la Présentation.

Alors qu’elles se multiplient, le gouvernement de ce temps, anticlérical et aux structures restrictives et sectaires, oblige les communautés religieuses à se laïciser ou à s’exiler. La France ne veut plus de ses religieuses. Les sœurs se tournent vers d’autres cieux : l’Angleterre, la Belgique, la Hollande, en 1901, et les États-Unis, un an plus tard.

«  Va ! Quitte ton pays, ta famille, ta maison… En route vers le pays que je te montrerai  » (Gn, 12)

En France, en 1914, juste avant la guerre, une autre épreuve survient : le décret de dissolution, une condamnation à mort. Officiellement, la congrégation n’existe plus ; les sœurs sont expulsées de leur établissement et de leur maison-mère. Elles trouvent alors refuge dans l’île de Guernesey.

En reconnaissance pour le dévouement des sœurs infirmières pendant la guerre – 19 d’entre elles seront décorées –, le gouvernement français redonne à la congrégation le droit d’exister le 8 décembre 1923.

Dans la région, en 1920, après plusieurs demandes auprès de la supérieure française, pour accueillir des religieuses, les Pères Eudistes, déjà installés au presbytère du Sacré-Cœur de Chicoutimi, ont enfin une réponse positive. Le 13 octobre, sœurs Adolphine, Saint Wenceslas et Saint Romuald, répondant à la parole de notre Mère Fondatrice, quittent la maison-mère pour embarquer sur le bateau qui les amènera à Québec, puis à Chicoutimi. Les pères Dréan, Bageon et Nio sont à l’accueil avec quelques dames. Les gens du Bassin se souviennent de ces personnages. La bonne humeur des sœurs, leur accueil et leur simplicité de vie plaisent aux gens.

En 1922, une jeune fille, Gabrielle Robin, désire partager la vie des sœurs et partira faire son noviciat en France. Ce sera notre première postulante canadienne. Plusieurs la suivront par la suite. En 1934, les sœurs sont demandées pour prendre la direction de l’école des filles de Grande-Baie.

Les années 1939-1945 apporteront leur lot d’inquiétudes et de souffrances. La guerre éclate en France. Des jeunes filles de Chicoutimi, parties en France pour leur formation, seront internées à Besançon et à Vittel. Elles ont goûté à la guerre et à ses conséquences, souvenirs qui les accompagneront toute leur vie. Malgré ce vécu pénible, courageusement, elles font preuve d’un engagement soutenu, répondant aux appels du milieu, et essaiment dans les villages environnants, Saint-Félix-d’Otis, La Baie, Saint-Jean-Eudes, Larouche, Kénogami et Chicoutimi.

En 1957, le Cameroun, en Afrique, réclame des missionnaires. Sœur Gabrielle Julien, native de Saint-Félicien, se porte volontaire. Elle s’y dévouera pendant 51 ans.

Toujours pour répondre à un besoin, on réclame l’aide de la communauté pour construire un hôpital à Saint-Jérôme et à Métabetchouan. Il ouvrira ses portes en 1958. Les sœurs y travailleront jusqu’en 2012. En 1960, plus question d’aller en France ou aux États-Unis pour faire son noviciat. On construira un noviciat, Juvénat, qui deviendra plus tard Domaine de la Présentation et, aujourd’hui, la Villa Saint-Alexis.

Nos fondatrices, des femmes courageuses, intrépides, ont avancé contre vents et marées. C’est une belle histoire d’amour qui se vit encore aujourd’hui.

Merci à toutes ces personnes qui ont collaboré avec nous et qui ont fait autant que nous pour l’établissement du Royaume !

Sœur Pauline Simard

Vos témoignages

  • Mth 22 juin 2020 10:51

    Personnellement j’ai vécu avec sœur Thérèse C.,1 an à Diang et j’ai pu apprécier son dynamisme, son savoir-faire et ses bons gâteaux au sucre d’érable. L’année suivante j’ai été en communauté avec sœur Gaby à Yokadouma. Je ne parlerais que de son sens de l’accueil : il y avait toujours un gâteau-banane prêt pour les gens de passage qui arrivait à l’improviste et pour nous ! … J’ai côtoyé sœur Claire à Broons, à Diang, à Batouri… Et puis les unes et les autres nous nous sommes rencontrées lors de diverses rencontres, célébrations à Broons… Maintenant nous avons aussi les réseaux sociaux qui facilitent les échanges. Aussi à bientôt.

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