Vous me demandez amicalement pourquoi je tire de toute situation un hymne à la vie. Peut-être est-ce le fait d’être née à la fin de la guerre, dans la période la plus noire de l’histoire européenne, qui m’a donné cet étonnement constant d’être VIVANTE. Je ne suis jamais revenue de cet étonnement. Souvent je me dis en m’éveillant : « Quoi ! Encore un jour ! Ouah ! » Beaucoup de nos contemporains semblent croire que tout leur est dû et s’épuisent à s’indigner, à revendiquer, à réclamer leur part. Ils ne souhaitent que les « bons morceaux » de la vie : la santé, la jeunesse, le succès, etc. Or, par un jeu mystérieux de passe-passe et de prestidigitation, les grands cadeaux sont parfois cachés derrière ce que nous craignons le plus (l’échec, la maladie, la rupture, etc.) [1]

La vie échappe à nos petits calculs… à nos petites poltronneries. C’est merveille que de la voir œuvrer ! N’est-ce pas vrai que la vie c’est aussi perdre des choses ? Ne faut-il pas prendre la balle au bond… ? Saisir l’occasion pour se récréer, quitter l’acquis, saisir l’avenir ? Etre alerte puisque chaque occasion qui se présente est un appel, un défi pour avancer, pour trancher, pour clarifier ? Un superbe proverbe chinois fait irruption en moi : l’homme est le fils des obstacles ! Nous naissons à nous-mêmes, nous nous révélons à nous-mêmes par les épreuves. L’art de vivre, c’est assumer ce qui nous rencontre, ce qui nous pousse dans le dos comme ce qui risque de nous faire reculer, ce qui nous lance et ce qui nous brise, l’assumer et l’accueillir jusque dans la maladie, la douleur, la mort. La vie est dans le Présent. Je t’entends dire Christiane : si vous voulez vivre pleinement, il vous faut vivre maintenant, aujourd’hui, en brûlant tout, sans attendre demain, sans épargner de l’énergie pour le futur, en étant là, aujourd’hui, vivants. » [2]

N’est-ce pas cela une vie en forme de Pâque ? Une vie à la suite du Christ mort et ressuscité ? Vie pleinement humaine, mais déjà enracinée dans la grâce du Christ ressuscité !